Une information de notre spécialiste transport de CAP21.
velo'v vel'b et consort
Les opérations de mise à disposition de vélos en libre service à Lyon,
Paris et bientôt Rouen, font l'objet d'une campagne médiatique sans
précédent dans l'univers du vélo urbain. Il ne s'agit pas dans cet
article de faire la fine bouche, mais de rappeler quelques éléments
historiques et techniques en matière d'urbanisme environnemental.
En effet, il convient de se démarquer des évènements d'images
exploités politiquement. Ne nous faisons pas d'illusions sur les vertus
environnementales de ces opérations et rappelons les véritables
leviers à mettre en œuvre pour gagner efficacement sur la qualité de l'air et sur les émissions de gaz à effet de serre.
Certes, Il y a des points positifs. Ces opérations permettent de mettre en
avant la culture vélo en tant que mode de transport, de changer l'image
dévalorisante qu'une partie de la population avait envers ce mode de déplacement. Elles permettent aussi de donner une visibilité au vélo sur la voirie et ainsi de changer le rapport de force sur les voies de circulation. La sécurité routière en sera gagnante de par la baisse des
vitesses.
Mais attention à l'arbre qui cache la forêt. L'expérience de Lyon nous
donne des enseignements. Le transfert modal de l'automobile vers ce système est extrêmement faible. Ce sont surtout des usagers des transports en commun qui l’utilisent, pour des raisons de confort, de rapidité, sur des distances courtes. Il y a aussi un pic d'usage après les heures de pointes, là où les transports en commun sont peu fréquentes ou absentes.
Ensuite, les stations sont placées sur les trottoirs, ce qui accentue l'inflation du mobilier urbain sur les espaces piétons. Par contre, à Paris, cette erreur n'a pas été renouvelée puisque les stations ont été
construites sur les places de stationnement voitures. Rappelons qu'un
des principaux leviers d'abandon de l'usage de la voiture en ville est
l'impossibilité de se garer.
Le maire de Paris s'enorgueillit des impacts positifs sur la santé
publique que pourrait avoir veli'b. Mais c'est une illusion. L'exemple de Lyon en est la preuve. Certes, à Lyon, 60 000 déplacements par jour d'une
moyenne de 2km chacun est un beau succès, mais il faut le relativiser face aux millions de déplacements par jour en voiture d'une moyenne de 10km
chacun.
A Rouen, c'est 1 million de déplacements par jour en voiture, dans le
périmètre de l'agglomération de Lyon, on peut imaginer le double, rapport
de la démographie des deux aires urbaines.
Certes le maire de Lyon annonce en fanfare que l'année dernière le
nombre de déplacements en voiture a diminué dans Lyon intra muros. Mais
parallèlement, la distance domicile travail est passé de 15 à 36km en
10 ans. Ce qui compte pour évaluer scientifiquement l'efficacité des
politiques publiques de transport et d'environnement au regard des
résultats et objectifs que l'on attend, c'est le résultat en matière
de baisse du nombre de kilomètres de "l'autosolisme", et nous sommes
toujours loin du compte, à Lyon comme ailleurs. Rappelons que dans les grandes villes néerlandaises et allemandes, les déplacements vélos sur le
trajet domicile travail peut représenter jusqu'à 1/3 des déplacements de ce type.
Je vous renvoie au livre suivant:
FIETS La place du vélo dans la culture néerlandaise par Arnaud Rousseaux.
« Aux Pays-Bas le vélo est partout. Ce travail expose la place tout à fait
conséquente qu'il occupe dans la culture néerlandaise. L'analyse prend forme à partir d'entretiens informels avec les habitants et, à la manière
de l'anthropologie visuelle, de plus de 159 photos originales. La conclusion s'attarde sur les enseignements issus de l'observation du modèle
néerlandais, permettant d'émettre certains principes relatifs au développement de la mobilité à vélo en France. 143 pages - 159 photos. »
Éditeur: Arnaud Rousseaux
a.. vélo Pays-Bas culture
Listé dans :Sciences humaines
L'inflation des rocades urbaines alimente l'éloignement des zones denses et l'usage de l'automobile, ce qui a l'effet contraire à celui attendu
Par ces >opérations.On est les champions, en France, pour ne pas appliquer massivement des leviers qui coûtent peu et rapportent beaucoup et pour mettre en œuvre des solutions qui coûtent beaucoup et rapportent peu, à grand renfort de communication. Ce qui n'est pas normal, c'est de tromper les gens sur le résultat.
Par exemple, la massification des plans de déplacements écoles, administration, entreprises, pourrait à raison de 100kEuros d'études
pour 2000 salariés, diviser par deux l'usage de l'automobile sur le trajet
domicile travail en cinq ans, performance qui a été atteinte par ST Microelectronics à Grenoble. Sur 2000 salariés, 400 utilisent leur
propre vélo tous les jours. C'est bien l'usage de son propre vélo qui est à favoriser par des politiques de communication et de management efficace, et un aménagement de voirie approprié.
Pendant des années, les associations de cyclistes urbains ont été ridiculisées et marginalisées par les élus de toutes tendances. Aujourd'hui, on se sert de la mode environnementale pour monter des
opérations d'image très coûteuses et au résultat pour le moins
discutable en matière de transfert modal et en matière de bilan carbone.
En effet, le bilan carbone de velo'v est très discutable. Les bornes
et les vélos sont bourrés d'électronique, activité très émettrice de gaz à
effet de serre. En sus, un camion effectue en permanence des aller retours
pour équilibrer le nombre de vélos dans les stations.
Certes velo'v et veli'b sont utiles, mais l'urgence environnementale appelle vraiment des mesures plus efficaces et qui ont déjà fait leurs
preuves.
Vigilance et sécurité routière
Il est utile en cette période de vacances de combattre les idées
reçues. Réflexion fréquemment entendue par les automobilistes réguliers, sûrs de leur conduite:
"Descendre les vitesses maximum autorisées sur les autoroutes nous
ferait perdre de la vigilance, on sombre dans la monotonie. A contrario,
augmenter les vitesses soutient l'attention."
Scientifiquement, c'est une véritable contre vérité.En effet, la fatigue du cerveau vient de la quantité d'informations qu'il emmagasine par unité de temps. Or, plus la vitesse augmente, plus cette quantité augmente. C'est ce que l'on appelle la charge mentale, tout comme l'effort physique représente une charge musculaire.
Plus votre environnement est chargée, en trafic par exemple, plus vous
fatiguez, et ceci quelque soit vos capacités.30% des accidents sur autoroute sont dus à des défauts de vigilance. La seule et unique manière d'éviter cela est de s'arrêter toutes les deux heures.
Il en est de même lorsqu'on prend la route après une journée de travail,
même à charge intellectuelle.N'oublions pas que le manque de vigilance peut aussi se caractériser par l'action de faire toute autre chose que de conduire: téléphoner, manger, régler l'autoradio, regarder ailleurs, etc...
>Dominique Bied