transports en ville

Publié le par Michel CREDEVILLE

 Une information de notre spécialiste transport de CAP21.
 
velo'v vel'b et consort
Les opérations de mise à disposition de vélos en libre service à Lyon,
Paris et bientôt Rouen, font l'objet d'une campagne médiatique sans 
précédent dans l'univers du vélo urbain. Il ne s'agit pas dans cet
 article de faire la fine bouche, mais de rappeler quelques éléments
 historiques et techniques en matière d'urbanisme environnemental.
En effet, il convient de se démarquer des évènements d'images
 exploités politiquement. Ne nous faisons pas d'illusions sur les vertus 
environnementales de ces opérations et rappelons les véritables
 leviers à mettre en œuvre pour gagner efficacement sur la qualité de l'air et sur les émissions de gaz à effet de serre.
 
Certes, Il y a des points positifs. Ces opérations permettent de  mettre en 
avant la culture vélo en tant que mode de transport, de changer l'image 
dévalorisante qu'une partie de la population avait envers ce mode de déplacement. Elles permettent aussi de donner une visibilité au vélo  sur la voirie et ainsi de changer le rapport de force sur les voies de circulation. La sécurité routière en sera gagnante de par la baisse des 
vitesses.
 
Mais attention à l'arbre qui cache la forêt. L'expérience de Lyon nous
donne des enseignements. Le transfert modal de l'automobile vers ce système est extrêmement  faible. Ce sont surtout des usagers des transports en commun qui l’utilisent, pour des raisons de confort, de rapidité, sur des distances courtes. Il y a aussi un pic d'usage après les heures de pointes, là où les transports en commun sont peu fréquentes ou absentes.
Ensuite, les stations sont placées sur les trottoirs, ce qui accentue l'inflation du mobilier urbain sur les espaces piétons. Par contre, à Paris, cette erreur n'a pas été renouvelée puisque les stations ont été 
construites sur les places de stationnement voitures. Rappelons qu'un
 des principaux leviers d'abandon de l'usage de la voiture en ville est 
l'impossibilité de se garer.
 
Le maire de Paris s'enorgueillit des impacts positifs sur la santé
 publique que pourrait avoir veli'b. Mais c'est une illusion. L'exemple de Lyon en est la preuve. Certes, à Lyon, 60 000 déplacements par jour d'une
 moyenne de 2km chacun est un beau succès, mais il faut le relativiser face aux millions de déplacements par jour en voiture d'une moyenne de 10km
 chacun. 
A Rouen, c'est 1 million de déplacements par jour en voiture, dans le 
périmètre de l'agglomération de Lyon, on peut imaginer le double, rapport 
de la démographie des deux aires urbaines.
 
Certes le maire de Lyon annonce en fanfare que l'année dernière le
 nombre de déplacements en voiture a diminué dans Lyon intra muros. Mais 
parallèlement, la distance domicile travail est passé de 15 à 36km en
 10 ans. Ce qui compte pour évaluer scientifiquement l'efficacité des 
politiques publiques de transport et d'environnement au regard des 
résultats et objectifs que l'on attend, c'est le résultat en matière
 de baisse du nombre de kilomètres de "l'autosolisme", et nous sommes
 toujours loin du compte, à Lyon comme ailleurs. Rappelons que dans les grandes villes néerlandaises et allemandes, les déplacements vélos sur le
 trajet domicile travail peut représenter jusqu'à 1/3 des déplacements de ce  type.
 
Je vous renvoie au livre suivant:
 
FIETS La place du vélo dans la culture néerlandaise par Arnaud Rousseaux.
 
« Aux Pays-Bas le vélo est partout. Ce travail expose la place tout à fait 
conséquente qu'il occupe dans la culture néerlandaise. L'analyse prend forme à partir d'entretiens informels avec les habitants et, à la  manière 
de l'anthropologie visuelle, de plus de 159 photos originales. La conclusion s'attarde sur les enseignements issus de l'observation du modèle 
néerlandais, permettant d'émettre certains principes relatifs au développement de la mobilité à vélo en France. 143 pages - 159 photos. »
Éditeur: Arnaud Rousseaux
 
 a.. vélo Pays-Bas culture
Listé dans :Sciences humaines
 
L'inflation des rocades urbaines alimente l'éloignement des zones  denses et l'usage de l'automobile, ce qui a l'effet contraire à celui attendu
 Par ces >opérations.On est les champions, en France, pour ne pas appliquer massivement des leviers qui coûtent peu et rapportent beaucoup et pour mettre en œuvre des solutions qui coûtent beaucoup et rapportent peu, à grand renfort de communication. Ce qui n'est pas normal, c'est de tromper les gens sur le résultat.
 
Par exemple, la massification des plans de déplacements écoles, administration, entreprises, pourrait à raison de 100kEuros d'études
 pour 2000 salariés, diviser par deux l'usage de l'automobile sur le trajet 
domicile travail en cinq ans, performance qui a été atteinte par ST Microelectronics à Grenoble. Sur 2000 salariés, 400 utilisent leur
 propre vélo tous les jours. C'est bien l'usage de son propre vélo qui est à favoriser par des politiques de communication et de management efficace, et un aménagement de voirie approprié.
 
Pendant des années, les associations de cyclistes urbains ont été ridiculisées et marginalisées par les élus de toutes tendances. Aujourd'hui, on se sert de la mode environnementale pour monter des 
opérations d'image très coûteuses et au résultat pour le moins
 discutable en matière de transfert modal et en matière de bilan carbone.
 
En effet, le bilan carbone de velo'v est très discutable. Les bornes
 et les vélos sont bourrés d'électronique, activité très émettrice de gaz à
 effet de serre. En sus, un camion effectue en permanence des aller retours
 pour équilibrer le nombre de vélos dans les stations.
 
Certes velo'v et veli'b sont utiles, mais l'urgence environnementale appelle vraiment des mesures plus efficaces et qui ont déjà fait leurs
preuves.
 
Vigilance et sécurité routière
Il est utile en cette période de vacances de combattre les idées
 reçues. Réflexion fréquemment entendue par les automobilistes réguliers, sûrs de leur conduite:
 
"Descendre les vitesses maximum autorisées sur les autoroutes nous
 ferait perdre de la vigilance, on sombre dans la monotonie. A contrario,
 augmenter les vitesses soutient l'attention."
 
Scientifiquement, c'est une véritable contre vérité.En effet, la fatigue du cerveau vient de la quantité d'informations qu'il emmagasine par unité de temps. Or, plus la vitesse augmente, plus  cette quantité augmente. C'est ce que l'on appelle la charge mentale, tout comme l'effort physique représente une charge musculaire.
Plus votre environnement est chargée, en trafic par exemple, plus vous 
fatiguez, et ceci quelque soit vos capacités.30% des accidents sur autoroute sont dus à des défauts de vigilance. La seule et unique manière d'éviter cela est de s'arrêter toutes les deux heures.
 
Il en est de même lorsqu'on prend la route après une journée de travail, 
même à charge intellectuelle.N'oublions pas que le manque de vigilance peut aussi se caractériser par l'action de faire toute autre chose que de conduire: téléphoner, manger, régler l'autoradio, regarder ailleurs, etc...
 
 
>Dominique Bied
 
 
 

Publié dans divers: les transports

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